EMERSON LAKE and PALMER “Trilogy” (Island, 1972)

Emerson Lake and Palmer est indéniablement un groupe de rock, progressif sans doute, mais de rock avant tout, car telle était leur ambition. S’il trouve sa place ici, c’est que Keith Emerson a aussi été un pionnier du synthétiseur l’utilisant essentiellement pour faire du rock sans que la recherche sonore que cet instrument permettait ait été son intérêt premier. À une exception près, et dans un des morceaux les moins cotés de leur troisième album « Trilogy » : Abaddon’s Bolero. Un empilement de sonorités différentes obtenues sans doute avec le gros moog et injouable en tant que tel en public, exercice dont ELP raffolait. Certes, comme toujours chez ELP, on se rapproche des maitres classiques que pillait allègrement Emerson (ici Ravel et son Bolero) mais dans ce cas, dans un exercice sonore bien plus convaincant que dans l’interprétation emphatique et ampoulée des « Tableaux d’une Exposition » de Moussorgski. Emerson reste le musicien qui a ouvert les possibilités du synthétiseur à l’ensemble de la scène musicale de son temps : variété, jazz, rock, funk, etc. Et à l’origine de milliers de vocations concernant cet instrument.